Une barbarie peut en (...)

Une barbarie peut en cacher une autre

L’actualité nous révèle tellement de mauvaises nouvelles au quotidien qu’il faudrait plusieurs journaux pour seulement en dresser la liste. Dans toutes ces catastrophes, certains drames passent inaperçus, noyés dans la masse. Ainsi avons nous appris avec effarement à l’occasion du Festival de Cannes que l’actrice Demi Moore avait été contrainte pour « Substance », son dernier film tourné en partie sur la Côte d’Azur, de porter sur le plateau un manteau d’hiver en plein été. À bas les réalisateurs inconscients, que se lève une nouvelle Judith Godrèche pour dénoncer ces conditions de travail épouvantables ! Et dire qu’au même moment d’autres s’amusent sur les chantiers en plein soleil avec des marteaux-piqueurs...


Que la Norvège, l’Espagne et l’Irlande aient rejoint les 134 pays reconnaissant déjà la Palestine ne va pas bouleverser la situation au Proche-Orient. Ni, a priori, forcer Benyamin Netanyahou à, comment dire, se montrer plus « humain » dans la guerre menée à Gaza. Mais on peut quand même se demander si le moment de cette reconnaissance - qui attendait depuis des lustres ! - a été bien choisi. Elle est intervenue en effet concomitamment avec le mandat d’arrêt demandé contre le leader israélien par la Cour pénale internationale : voilà qui lui donne des arguments pour crier au complot. S’il est anormal, immoral, scandaleux d’affamer les populations civiles palestiniennes, de les forcer à se déplacer, de détruire méthodiquement les bâtiments y compris les hôpitaux et de tirer sur des camps de réfugiés comme cela vient de se produire, il ne faut pas non plus oublier l’origine de cette barbarie : l’attaque par le Hamas qui a lui aussi commis des exactions innommables et détient encore des otages civils, y compris des enfants. Depuis longtemps, les esprits raisonnables plaident pour la coexistence (espérons pacifique) de deux États. Le moment de la reconnaissance de la Palestine par les trois pays européens et la décision du procureur de la CPI donnent l’impression que la balance est programmée pour ne pencher que d’un seul côté. Mais par la brutalité de sa réponse, l’État hébreu révulse jusqu’à ses plus fidèles amis. Son attitude ne pourra provoquer que de la haine et du ressentiment, c’est de mauvais augure pour l’avenir.


L’autre jour au JT de 20 heures de France 2 un reportage poignant sur un village de la Somme envahi par une soudaine coulée de boue après un nouvel orage dantesque. Seaux et serpillières, mobiliers détruits, voitures submergées... Images tristement habituelles d’une catastrophe qui jette des familles dans le désarroi. Puis la caméra filme un champ labouré, avec des sillons bien nets, dans le sens de la pente. La journaliste interroge l’agriculteur qui montre alors un large couloir où l’eau a coulé, effaçant les sillons. Il ne restait pas un brin d’herbe, pas un arbre, pas une haie dans ce champ de plusieurs dizaines d’hectares. Comment dès lors s’étonner ? Tout commentaire était superflu, les images parlaient d’elles-mêmes sur l’origine de cette inondation. Saurons-nous en tirer des enseignements alors que l’on se gargarise d’environnement « vert » et « durable » ? Replanter des haies n’est pourtant pas une solution si compliquée…

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