PARIS : Une lumineuse rétrospective consacrée à Nicolas de Staël
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 21 octobre 2023
Le Musée d’Art Moderne de Paris propose actuellement une rétrospective Nicolas de Staël. C’est un condensé d’expositions thématiques plus récentes ayant souligné des aspects méconnus de sa carrière : Antibes et Le Havre en 2014, Aix-en-Provence en 2018.
Pour cet événement, les organisateurs ont réussi à convaincre quarante-cinq particuliers de prêter des tableaux, croquis, gravures, carnets, pour la plupart encore jamais montrés dans des lieux publics.
Avec l’apport des grands musées internationaux, cela représente un total de deux cents œuvres, réalisées depuis ses débuts jusqu’à celles créées dans son atelier des remparts d’Antibes, où cet exilé russe, homme torturé et peintre lumineux, a choisi de quitter la vie le 16 mars 1955.
La rétrospective du Musée d’Art Moderne est organisée de manière chronologique, ce qui permet de se rendre aisément compte des « allers et retours » de l’artiste qui ne s’est jamais figé dans un style. Depuis le figuratif, jusqu’à ce que nous percevons de prime abord comme de l’abstrait avant de « pénétrer » dans la toile et d’y voir des paysages, des marines.
Si l’essentiel de son travail tient en une douzaine d’années, de Staël ne cesse de se renouveler et d’explorer de nouvelles voies : son « inévitable besoin de tout casser quand la machine semble tourner trop rond le conduit à produire une œuvre remarquablement riche et complexe, sans esthétique a priori » notent les commissaires de cet événement. « Insensible aux modes comme aux querelles de son temps, son travail bouleverse délibérément la distinction entre abstraction et figuration, et apparaît comme la poursuite, menée dans l’urgence, d’un art toujours plus dense et concis ».
La lumière du sud
- © Donation Denise Colomb, Ministère de la Culture
Enfant ayant fui Saint Petersbourg au moment de la révolution bolchévique, influencé par Cézanne, Matisse, Van Gogh, Braque, Soutine et les fauves, voyageur infatigable, il sera fasciné sa courte vie durant par les spectacles du monde et leurs différentes lumières.
Pas étonnant qu’il ait eu une attraction particulière pour le sud : Maroc, Sicile, Algérie, Ménerbes dans le Vaucluse (où Picasso acheta une maison pour sa muse Dora Maar) et dans les Alpes-Maritimes, à Nice et dans la cité de Vauban où il s’est installé les deux dernières années de sa vie pour se rapprocher d’une femme mariée avec qui il avait une liaison.
Si le grand public connaît bien ses œuvres majeures comme Le parc des Princes, dont il réalisa 25 « versions » avoir avoir assisté ébloui à un match de football, et Le Concert exposé au musée Grimaldi d’Antibes et long de six mètres, il découvrira à cette occasion le dessinateur et graphiste avec de nombreuses oeuvres sur papier : une fenêtre inattendue et fertile de créations, chez celui qui est un boulimique de travail, s’appliquant sur plusieurs supports en même temps. Son œuvre compterait 1 100 tableaux et autant de dessins… Pour ceux qui ne pourraient « monter » à Paris d’ici le 21 janvier, cette même exposition sera présentée à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, du 9 février au 9 juin 2024.
Jean-Michel CHEVALIER