Monaco : Turner en (...)

Monaco : Turner en majesté

Une nouvelle fois, le Forum Grimaldi déploie de grands moyens pour nous séduire avec une exposition estivale grandiose consacrée à Joseph Mallord William Turner. Mais pas seulement, puisque la veine romantique pré-impressionniste du maître britannique est aussi confrontée aux visions de quinze artistes contemporains, une toile de Mark Rothko ponctuant une longue série de chefs- d’oeuvre. L’intérêt de cette visite est, au moins double, puisqu’elle rapproche deux aspects historiques de l’évolution de l’art.

Cette exposition, comme toutes celles d’ailleurs qui l’ont précédée, rencontre un succès phénoménal : il est conseillé de se présenter à l’ouverture, les matins étant plus calmes, même si la dimension des espaces offre une certaine latitude à la flânerie sans être incommodé par une foule de visiteurs.
Et donc, par une merveilleuse journée d’été, une fois passé avec patience le bouchon d’entrée à Monaco, nous nous sommes trouvés dans le Forum hyper climatisé pour la conservation des œuvres, au point qu’une petite laine est la bienvenue avant de s’offrir de longs instants de méditation.

L’exposition se scinde en huit thématiques pour un parcours chronologique du travail de Turner, offrant des perspectives étourdissantes - vu la dimension des salles et une impeccable scénographie - de ses voyages sur terre, sur mer, au coeur de la tourmente, que ce soit dans la sauvagerie des montagnes ou au coeur de la paisible Venise.

Sublime héritage

Photo ©M.L

Pas moins de quatre-vingts chefs-d’oeuvre dont trente-huit huiles sur toiles et quarante œuvres sur papier, provenant de la collection de Tate, mises en regard avec une trentaine de créations de grandes dimensions d’artistes modernes et contemporains majeurs. On ne peut pas faire beaucoup mieux !
Ce sublime héritage laissé par Turner est composé notamment d’impressions de clairs de lune peints dans une technique mêlant gouache, aquarelle et graphite qui inaugurent l’impressionnante production de tableaux exécutés tout au long de sa vie.
Ces peintures sur papier réalisées à l’âge de 21 ans annoncent dès le départ l’aptitude de l’artiste à maîtriser la lumière et la couleur d’une manière résolument moderne. Son regard est clair et acéré sur les ciels, les éléments et les atmosphères. Une vue couleur lie de vin de la Tamise la nuit, joignant l’ode à une nature qui submerge l’homme, voisine avec l’aspect industriel du paysage et les petits métiers exercés par les gens ordinaires. Turner travaillait sur le motif avant l’heure, la pratique expérimentale étant essentielle chez lui, même s’il sublimait ensuite à l’atelier en prenant des libertés avec la réalité des choses vues par lui.

Photo ©M.L

Les artistes qui reçoivent cet héritage la traduisent par la photographie et la vidéo en grands formats ou avec de puissantes installations comme celle de Richard Long, un de nos principaux spécialistes du land-art, ou de Cornelia Parker, distinguée par le prix Turner. On s’immerge au coeur de l’installation magistrale de Katie Paterson ou dans les spectaculaires peintures de Jessica Warboys ou de Howard Hodgkin.

On ne peut ni les citer, ni les présenter tous, il faut aller voir…

Marie LESIMPLE

Photo de Une : les grands espaces et la scénographie impeccable permettentune visite apsiée malgré l’affluence ©M.L

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