Affaire Kiabi, qu'est-ce

Affaire Kiabi, qu’est-ce qu’un compte rebond ?

Dans cette affaire qui defraie actuellement la chronique, il est fait état d’un détournement de prés de 100 millions d’euros, par une salariée trésoriére de l’entreprise.
Au-delâ de la nature même de cette personne qui avait déja par le passé opéré à des malversations, nous nous sommes interrogés sur cette pratique des comptes rebonds, afin d’en décrypter au mieux l’usage.

Pourquoi ce type d’entreprise utilise le principe bancaire des comptes rebonds ?

La technique des comptes rebonds est une méthode de gestion de trésorerie qui permet à une entreprise de centraliser, optimiser et répartir efficacement les flux de trésorerie.
Dans cette technique, un compte bancaire intermédiaire, appelé "compte rebond", est utilisé pour faire transiter les fonds avant de les redistribuer vers leurs destinations finales.

Étapes clés de la technique des comptes rebonds

Ouverture du compte rebond  : L’entreprise crée un compte bancaire spécifique, souvent appelé "compte rebond" ou "compte pivot", qui sera utilisé pour centraliser les flux financiers.

Centralisation des flux : L’entreprise configure ses opérations pour que les encaissements (ventes, paiements des clients) ou les décaissements (paiements des fournisseurs, salaires, etc.) transitent d’abord par ce compte. Cela permet de regrouper l’ensemble des flux financiers à un seul endroit.

Redistribution : Une fois les fonds collectés sur le compte rebond, l’entreprise les transfère vers les comptes cibles (compte principal de trésorerie, comptes des filiales, etc.) selon ses besoins de gestion. La redistribution peut être manuelle ou automatisée à des moments stratégiques.

Optimisation des soldes : Grâce à la centralisation, l’entreprise peut contrôler le moment des transferts, réduire les frais bancaires (comme les commissions de mouvements) et optimiser ses soldes pour éviter les découverts inutiles.

Mais alors si il s’agit bien d’une option efficace de gestion de trésorerie utilisée par de grandes entreprises de distribution, comment cela peut-il se retourner et être utilisé pour faire une opération de détournement de flux financiers par des personnes malintentionnées ?

La fraude aux comptes rebonds consiste à exploiter les flux financiers transitant par ces comptes pour détourner de l’argent de manière illégale.
Le principe repose sur l’utilisation des comptes rebonds comme intermédiaires dans le mouvement des fonds, permettant au fraudeur de masquer les transferts frauduleux.

Voici comment une telle fraude peut être opérée, en s’inspirant du cas récent de l’entreprise Kiabi

Mécanisme général de la fraude aux comptes rebonds

Dans un contexte de fraude, un salarié ou gestionnaire, souvent responsable de la trésorerie, exploite sa position pour :

Créer des comptes rebonds supplémentaires  : Le fraudeur peut ouvrir ou utiliser des comptes bancaires sous contrôle mais non déclarés officiellement dans les registres de l’entreprise.
Détourner des fonds : Le fraudeur transfère de l’argent du compte rebond de l’entreprise vers un compte personnel ou un compte fictif, sous couvert de paiements ou transferts légitimes.
Masquer les transferts : Les transactions frauduleuses sont masquées parmi les flux légitimes transitant par les comptes rebonds, ce qui complique leur détection.

Étapes détaillées d’une fraude aux comptes rebonds, comme dans le cas Kiabi

Mise en place des comptes rebonds personnels :

- La fraudeuse ouvre des comptes bancaires supplémentaires à son nom ou au nom d’entités qu’elle contrôle.
- Ces comptes sont alors utilisés comme des "comptes rebonds parallèles".

Détournement des flux financiers :

En tant que trésorière, la personne a la capacité de manipuler les transferts de fonds au sein de l’entreprise. Elle utilise son accès ou celui de son supérieur pour transférer des montants du compte rebond officiel de l’entreprise vers ses propres comptes sous prétexte de virements légitimes (paiements fournisseurs, remboursements, etc.).

Par exemple, la fraudeuse peut créer de fausses factures ou ordres de virement destinés à des fournisseurs fictifs, et les fonds sont ensuite redirigés vers les comptes rebonds personnels.

Réalisation des transferts :

Les fonds transitent par le compte rebond officiel de l’entreprise, ce qui donne l’apparence de transactions régulières. Ensuite, une partie de ces fonds est acheminée vers les comptes frauduleux.
Pour donner un exemple concret, la trésorière aurait pu effectuer de multiples virements de petits montants, évitant ainsi d’attirer l’attention des contrôles internes.

Dissimulation des traces :

Pour échapper à l’audit interne et à la surveillance des flux financiers, le fraudeur peut fausser les écritures comptables liées aux comptes rebonds. Cela peut impliquer la modification des libellés des opérations pour masquer le véritable bénéficiaire des fonds.
La fraudeuse peut également manipuler les rapprochements bancaires pour faire en sorte que les soldes et les mouvements semblent cohérents.

Dans le cas de Kiabi, la trésorière aurait profité de sa position pour opérer les détournements suivants :

- Création de fausses opérations : Elle aurait créé des faux transferts de fonds sous couvert d’opérations internes (comme des virements entre comptes ou des paiements de fournisseurs fictifs) pour justifier le mouvement des fonds.
- Transferts vers des comptes personnels : Elle aurait utilisé des comptes rebonds personnels pour réceptionner les fonds détournés, dissimulant ces opérations parmi des transactions légitimes.
- Accumulation de la fraude : La fraude a été étalée sur plusieurs années, les montants détournés à chaque fois étant suffisamment petits pour ne pas déclencher d’alertes. Cependant, la somme totale a atteint près de 100 millions d’euros.

Pourquoi cette fraude est difficile à détecter ?

Grande liberté d’action : La personne en charge de la trésorerie, comme dans le cas de la trésorière de Kiabi, dispose d’un large pouvoir sur les flux financiers.
Si les contrôles internes sont faibles, cela lui permet d’effectuer des virements sans être immédiatement détectée.
Masquage des transactions : Les comptes rebonds centralisent de nombreuses transactions. Il est donc facile de dissimuler des mouvements frauduleux parmi les nombreuses entrées et sorties.
Rapprochement bancaire : Les fraudeurs peuvent manipuler les écritures comptables et les rapprochements bancaires pour que les comptes apparaissent en ordre, rendant la détection des transferts suspects plus compliquée.

Alors quels sont les moyens de prévention ?

Pour éviter ce type de fraude, les entreprises doivent :

Mettre en place des contrôles internes rigoureux : Séparation des tâches, double validation des paiements, suivi strict des comptes rebonds et des mouvements de trésorerie.
Réaliser des audits réguliers : Les audits externes et internes doivent vérifier les transactions sur les comptes rebonds, avec une attention particulière aux virements sortants.
Surveillance automatisée : Utiliser des logiciels de gestion de trésorerie capables de détecter les anomalies dans les flux financiers, comme des montants inhabituels ou des transactions avec des bénéficiaires non répertoriés.

La fraude aux comptes rebonds repose sur la manipulation des flux financiers transitant par ces comptes pour détourner de l’argent de manière clandestine.

Les employés avec un accès direct aux opérations de trésorerie, en l’absence de contrôles et d’audits rigoureux, peuvent exploiter les comptes rebonds pour des détournements importants, comme dans le cas de Kiabi.

Visuel de Une illustration DR

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