Edito - Entre les lignes.

Edito - Entre les lignes...

Budget : l’Élysée pas vraiment exemplaire... Voici un chiffre qui fera tiquer les parlementaires à l’heure de la hausse des impôts et des économies. 125 millions d’euros, c’est l’enveloppe prévue pour l’Élysée. Faut ce qu’il faut, on ne peut quand même pas demander au président de servir des burgers à ses hôtes de marque ni de se déplacer en vélo électrique dans Paris.
Le budget du « château » avait déjà connu une hausse de 12 millions l’an passé et devrait recevoir un nouveau coup de pouce de 3 millions supplémentaires dans le PLF 2025, soit davantage que l’inflation. Si l’exemple « vient d’en haut », alors l’Élysée est mal placé pour donner des leçons, d’autant que la Cour des comptes a déjà souligné un « déficit » de 8,3 millions en 2023, mot poli pour dire que la présidence avait mis son compte bancaire dans le rouge.


N’oubliez pas de fermer le gaz… : les spécialistes de Bercy, qui cherchent à tout crin à faire entrer des euros dans leurs caisses sonnant creux, viennent de s’apercevoir que l’électricité est quatre fois plus taxée que l’essence et neuf fois plus que le gaz. Aussi, au nom de la nécessaire politique environnementale, la ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention Agnès Pannier-Runacher a-t-elle annoncé une hausse des taxes sur le gaz qui est une énergie carbonée. Avant d’être aussitôt démentie par le ministre chargé du Budget et des Comptes publics Laurent Saint-Martin pour qui le PLF ne contient pas cette disposition. Qui vivra verra : un futur proche arbitrera cette nouvelle cacophonie gouvernementale. Mais comme la taxe sur l’électricité, pourtant décarbonée, vient d’être augmentée elle aussi, il ne nous reste plus qu’à installer une éolienne ou une centrale nucléaire dans la cuisine pour faire cuire à bon prix le brouet familial…


Retenez-moi, ou je fais un malheur : avant même le début des débats sur le budget à l’Assemblée, le RN a déjà dénoncé par la voix de Marine Le Pen « le mensonge évident » de l’exécutif sur le projet de loi de finances 2025.
La patronne nationaliste a fait sienne la conclusion du Haut conseil aux Finances publiques, lequel note que l’effort budgétaire est concentré à 70 % sur la hausse de la fiscalité et à 30 % seulement sur la baisse des dépenses publiques, soit des proportions exactement inverses à celles préconisées par Michel Barnier. Le RN présente donc son propre « contre budget »… qui est lui aussi loin de faire l’unanimité chez les économistes. Ces derniers le considérant comme « coûteux et inefficace ».


Arroseur arrosé : l’État ayant privé le CHU de Clermont-Ferrand d’un hélicoptère pour aller porter secours aux malades et accidentés dans le Massif Central, le conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes alors présidé par Laurent Wauquier (LR) a pris la relève en louant les services d’un hélicoptère pour les transports urgents. Une excellente idée qui a coûté 300 000 euros à la collectivité, mais quand il s’agit de sauver des vies... Le problème, souligné par la chambre régionale des comptes, c’est que le plan de communication autour de cette affaire a coûté plus cher (317 000 euros) que la location de l’appareil lui-même. Le rapport des juges financiers, publié le 10 octobre, étrille cette opération et quelques autres fort dispendieuses – notamment des repas gastronomiques à 1 000 euros par convive – par celui qui, à l’Assemblée, est le premier à exiger des économies budgétaires par des « lignes rouges » qu’il ne s’est pas appliquées à lui-même.

Jean-Michel CHEVALIER

deconnecte