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EXPO : Dans l’œil de Bettina Rheims

Bettina Rheims pour la première fois à Nice ! Le Musée de la photo crée l’événement en ouvrant ses portes à cette portraitiste parvenue à une renommée internationale.

La photographe s’est plongée dans ses archives pour en extraire 29 clichés au format spectaculaire, retraçant un parcours parfaitement homogène, s’étirant sur une période de vingt ans, entre 1993 et 2013.
Le titre de cette exposition restera une énigme : « Pourquoi m’as-tu abandonnée ? ». Une lettre à une inconnue oubliée, comme elle le prétend ? À moins qu’elle ne s’adresse à son père, le célèbre commissaire priseur, historien d’art et écrivain membre de l’Académie Française, qui n’a pas été pour rien dans l’accomplissement de sa formation artistique : « toute petite on m’emmenait dans les musées, mais à cinq ans ces visites me paraissaient ennuyeuses ».

©M.Lesimple

À force de voir des chefs-d’œuvre, il est évident que le sens esthétique de la petite fille a fini par se construire, même à son insu. Si cette série de portraits contient une indéniable dimension plastique qui font sa signature, il reste d’autres mystères à éclaircir, comme celui du pourquoi et du comment elle casse les codes.

Tous ces mannequins inconnus et ces stars - Kristin Scott Thomas, Monica Bellucci, Madonna - se sont livrés à son l’objectif en toute confiance. On doit admettre qu’il faut des vertus insoupçonnées pour un photographe pour obtenir ces poses saisies dans de fugaces instants d’abandon, mais sous la lumière crue et étudiée des projecteurs. Chaque portrait est soigneusement scénarisé, avec un travail de préparation minutieux, pour créer un univers particulier correspondant à chaque modèle. « C’est un échange, un rapport d’une grande intimité. Je suis consciente qu’il y a une ligne rouge, et ça ne passe pas de l’autre côté. Elles le savent et c’est ça qui fait qu’elles se livrent » explique la photographe.

Sous l’objectif de Bettina Rheims se forge le portrait de femmes, étonnantes, troublantes, pleine de fantaisie, de drôlerie, parfois légèrement inquiétantes, à travers sourires, grimaces, féminité sauvage, impudeur, glamour, et sensualité suggestive. Au-delà des images glacées des magazines dans lesquelles nous sommes habitués à les voir.

Aux murs, à côté des cartels, on peut lire une quantité de petites phrases. On retiendra celle-ci :« Je crois que chacune d’entre nous a un moment dans sa vie où elle est prête à l’abandon. Je sais voir cet instant et le saisir ».

Photo de Une ©M.Lesimple

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