Wroclaw et le syndrome

Wroclaw et le syndrome d’Aloïs

Wroclaw, ça vous dit quelque chose ? Rappelez-vous : la « Venise de Pologne », la ville aux 12 iles et aux 112 ponts. Non, toujours rien ? Normal : c’est à cet endroit que vécut Aloïs Alzheimer, figurez-vous. Un symbole fort de la part des autorités européennes, pour la tenue d’un sommet des ministres des finances de la Zone euro. Lesquels ont pour l’occasion perdu la mémoire de court terme et choisi de ne se souvenir que du monde heureux, celui d’avant la crise. Dans l’euphorie, ils ont même convié un 28ème Etat européen pas encore inscrit au club : les Etats-Unis d’Amérique. Timothy Geithner, le célèbre illusionniste promu Secrétaire au Trésor US, a profité de son invitation pour encourager ses potes à suivre la méthode de l’Oncle Sam : relancer la machine du crédit. Bon, d’accord, ça n’a pas marché aux States. Mais les Etats-Unis sont un modèle pour le monde entier : quand ils font une grosse bêtise, les autres doivent l’imiter. Au nom de la révérence solidaire. Par son arrogance, le jeune Tim a jeté un froid dans l’assistance : les Européens n’aiment pas beaucoup qu’on leur explique comment faire n’importe quoi. Ils sont capables de se débrouiller tout seuls. Et ils l’ont démontré.

Le plat principal du menu, c’était la Grèce, bien entendu. L’heure tourne et Athènes ne sait toujours pas avec quoi elle paiera ses échéances… d’intérêt au mois d’octobre, si les concours prévus par les derniers « plans de soutien » ne sont pas débloqués. Pour le remboursement du capital, il faudra attendre un sommet à Nice, qui abrite l’église de Sainte Rita, patronne des causes désespérées. En attendant, le Gouvernement grec n’a pas justifié auprès de ses collègues la crédibilité de son plan d’austérité, ni concédé les hypothèques que certains exigent en garantie de leurs prêts. Donc, statu quo. Cette joyeuse chienlit pourrait préfigurer le défaut de la Grèce dans la semaine qui vient. En revanche, les Européens ont suivi les conseils de Geithner à leur façon : ils sont d’accord pour recapitaliser leurs banques, celles qui sont les plus solides du monde. Comme ils n’ont plus un sou, ils vont emprunter aux banques l’argent nécessaire à la recapitalisation des banques, lesquelles banques pourront ainsi leur accorder les crédits supplémentaires dont ils auront besoin demain. Comment ça, vous n’avez pas compris ? Rassurez-vous, eux non plus. En mathématiques, on appelle « références circulaires » cette façon de poser une équation qui fait appel à son propre résultat. Et Excel vous dit alors qu’il n’y a pas de solution. En finance, le problème n’est pas insoluble : le résultat s’appelle la cavalerie. Le seul problème, c’est que la chute d’un seul canasson envoie tout le troupeau au tapis.

La recette du jour

Cavalerie virtuelle

Vous avez plein d’ennemis mais pas d’armée pour les combattre. Prêtez votre unique cheval à un ami, qui lui-même le prêtera à l’un de ses amis, qui lui-même… etc. Vous avez compris le truc. Prétendez alors que tous ces gens sont avec vous pour mener la charge : vous avez inventé une cavalerie. Tant que l’on vous croit, dormez sur vos deux oreilles. Mais si surgit le moindre doute, abandonnez votre cheval et planquez-vous dans l’écurie.

deconnecte