Obama : back to basics

Obama : back to basics

On se souvient que Barak Obama s’était montré un excellent challenger dans la compétition qui a précédé son élection. Faisant de lui une personnalité susceptible de réformer en profondeur les States. Un profil d’American Gorbatchev. On se souvient aussi que dès son entrée à la Maison-Blanche, son obsession du consensus l’a entraîné dans une reculade systématique face à ses opposants, à une soumission mollassonne à Wall Street et à un reniement piteux de ses engagements démocrates. Depuis lors, son image de warrior soft s’est transformée en caricature de loser miteux. Jamais, dans l’histoire des Etats-Unis, un président n’avait réussi à cumuler la haine farouche de ses adversaires et le désenchantement irrémissible de son camp. Personne ne conteste sa supériorité intellectuelle sur son pithécanthrope de prédécesseur ; tous sont sensibles à son habileté rhétorique qui contraste agréablement avec l’analphabétisme patenté de G.W. Bush. Mais on ne peut pas diriger l’Amérique avec un mental de premier communiant, ni la réformer sans une volonté de sportif de haut niveau.

Dans son discours d’hier qui était très attendu, Obama renoue avec sa lexis de campagne, matinée de son expérience du pouvoir. C’est un appel au rassemblement des Américains, un hymne à l’unité nationale face au danger, l’invocation des valeurs essentielles qui constituent le socle de la mythologie du pays. Le travail opiniâtre, la famille idéalisée, le sang et les larmes, la conviction inébranlable que la maison de l’Oncle Sam est le modèle indépassable d’une société démocratique que l’Amérique doit s’employer à demeurer, le phare de la civilisation et le maître des destinées de la planète. Un beau discours, assurément, un discours de campagne. Qui magnifie la compétition miraculeusement exempte de la « lutte des classes  », qui fait appel au sens de la responsabilité collective, invoquant Lincoln comme médecin de la guerre civile et Warren Buffet comme gourou de la solidarité des milliardaires envers le petit peuple. Remettre les Américains au travail est sans aucun doute la réponse appropriée au grave malaise qui affecte le pays. Quant au plan proposé pour y parvenir, « intégralement financé  », selon le Président, par des mesures complémentaires… restant à décider par une Commission bipartisane qui n’a pas encore établi le menu des économies principales, il est bien naturel qu’il soulève le scepticisme. Celui de Wall Street, d’abord, qui l’a sanctionné par une baisse des cours. Ce en quoi les financiers ont probablement tort : c’est la promesse d’un nouveau déversement de fonds publics qu’affectionnent les marchés. Mais ils ont sans doute raison de manifester leur incrédulité face à ce plan : son adoption est hypothétique et surtout, il vient trop tard. Il vient à temps pour la campagne présidentielle, mais trop tard pour le redressement de l’économie. Encore une fois, trop peu, trop tard.

Le menu du jour

Soupe dans un vieux pot

Vous êtes un manager charismatique et vous avez convaincu vos troupes que leur prospérité est assurée. Mais vous avez eu besoin des banquiers qui ont exigé des pratiques que vous réprouvez. Vous avez cédé et vous avez eu tort. Vous avez sacrifié la confiance de vos ouailles et perdu le respect de vos adversaires. Faites un beau discours et croisez les doigts. Puis bouclez vos valises.

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