My banker is rich

My banker is rich

On les croyait disparues dans les ténèbres de la mythologie et elles sont revenues, les Erinyes. Vous savez, les déesses grecques de la persécution. L’Europe les a débauchées pour bombarder Athènes de ses innombrables plans de sauvetage. Un véritable harcèlement humanitaire. A ce rythme, les Grecs seront bientôt dépossédés de tous leurs malheurs. C’est cruel. Cruel et dangereux pour les sauveteurs, dont les coffres sont remplis du butin – principalement des dettes. Lesquelles ne valent pas grand-chose, pas même la reconnaissance de ceux qui les ont émises. Voilà pourquoi la planète financière se demande maintenant s’il sera possible de sauver les généreux contributeurs au sauvetage de la Grèce. Heureusement, nous avons les banques les plus solides du monde : « Quel que soit le scénario grec, et donc quelles que soient les provisions à passer, les banques françaises ont les moyens d’y faire face » a confirmé Christian Noyer. Et le Gouverneur de la Banque de France sait de quoi il parle.

Tout autant que la Présidente du Medef. Lors de sa conférence de presse d’hier, elle a brillamment expliqué les motifs du désamour boursier à l’égard des titres bancaires : « Si les banques sont attaquées, c’est qu’il y a doute sur les Etats ». C’était donc ça : quand les emprunteurs deviennent suspects, les créanciers trinquent. C’est injuste. Mais attention : « La santé de nos banques est telle qu’elles n’auraient aucune difficulté à lever des capitaux dans des conditions de marché normales » a ajouté dame Parisot. Si elles avaient besoin d’argent, s’entend, ce qui n’est pas le cas, car « rien ne justifie un besoin de recapitalisation d’urgence ». Ouf ! Nous voilà rassurés. Du reste, pour démontrer la prospérité de nos établissements, la Présidente a balayé d’un revers l’hypothèse ridicule de leur nationalisation. Qui coûterait selon elle, pour les quatre premières banques, « l’équivalent du PIB français sur une année ». Mazette ! 1 950 milliards ? Les Boursiers sont vraiment des blaireaux : au même moment, ils ne les valorisaient qu’à environ 75 milliards. On va derechef se gaver d’actions bancaires. Et prier pour une nationalisation rapide. Merci Laurence, pour le tuyau.

La recette du jour

Loto à Lolo

Vos affaires périclitent et vous envisagez de mettre la clef sous le paillasson. Ressaisissez-vous. Adhérez au Medef et attendez patiemment la conférence mensuelle de sa Présidente. Vous aurez ainsi une chance raisonnable d’être nationalisé à plus de 25 fois le prix de marché de votre société. Ça peut rapporter plus gros que le loto.

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