Les visiteurs médicaux au

Les visiteurs médicaux au bûcher

On se demande comment procédait le sorcier-apothicaire de nos lointains ancêtres, pour tester ses nouvelles potions et incantations. La méthode expérimentale, sans doute. Mais elle a ses limites : après avoir administré la médication, comment savoir si le patient meurt de son mal ou de la potion ? Heureusement, personne n’en voulait alors au guérisseur : au moins abrégeait-il les souffrances de ses cobayes. Depuis lors, les avancées en la matière ont été spectaculaires : les firmes pharmaceutiques produisent désormais davantage de médecines qu’il n’y a de maladies identifiées. Si bien qu’une bonne partie de leur catalogue permet d’entretenir une pandémie galopante : la dépendance aux médicaments. Un fléau qui n’est pas plus grave que la superstition, sauf lorsqu’il est remboursé par la Sécu. Voilà pourquoi nos honorables parlementaires se sont présentement saisis de la question.

La pathologie de cette boulimie médicamenteuse est maintenant bien connue. L’affection résulterait d’un virus malin appelé visiteur médical. Il s’agit d’un spécimen assez rare d’hypermnésique, capable d’assimiler, en un mois de stage, toute la connaissance acquise dans la médecine, la chimie organique et les roueries du marketing. Les laboratoires envoient ces missionnaires sur le terrain, afin d’évangéliser les médecins par la parole salvatrice, accompagnée d’un chouïa de verroterie. Il y a donc suspicion de prosélytisme épicier. Voilà pourquoi notre Ministre de la Santé entend imposer le prêche de groupe, en lieu et place de la conversion individuelle. Ce ne sera pas facile, ne serait-ce que pour des raisons pratiques, mais il en résulte que nombre de croisés de la visite médicale devraient perdre leur emploi. Toutefois, eu égard à leurs dispositions exceptionnelles pour l’apprentissage, ils devraient pouvoir être rapidement replacés : on propose qu’ils deviennent visiteurs du FMI. Le Figaro du jour relate les propos de l’Economiste en Chef du Fonds, désolé de la langueur qui afflige les autorités politiques : « Les responsables sont en retrait d’un pas sur l’évolution des marchés » déplore-t-il, au constat que l’Europe n’a pas encore mis en musique le « plan du 21 juillet » destiné à sortir la Grèce du coma. Et si « les marchés » ne sont pas contents, que va-t-il se passer ? La récession, voilà ce qui nous attend. Il y a urgence. Que l’on envoie derechef ces visiteurs reconvertis au chevet des gouvernements, pris ensemble ou séparément, avec ou sans verroterie : ils sauront les convaincre de se soumettre à la divinité des marchés. Et nous serons tous sauvés.

La recette du jour

Menu du marché

Vous êtes dans une situation inextricable et vous ne savez plus où donner de la tête. Pas de panique : respirez à fond et appelez le FMI. Le Fonds vous enverra un visiteur porteur de la foi du marché. Vous ne guérirez pas avec sa potion, mais au moins votre conscience sera apaisée.

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