Les soustractions de (...)

Les soustractions de Forbes

L’est pas content, le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud. Pas content du tout. Il est prêt à faire un procès à Forbes ou, pire encore, à glisser du poil-à-gratter sous son col de chemise – la vengeance préférée de cette peste d’Abdallah, le fils chéri de l’émir ben Kalish Ezab dans Tintin au pays de l’or noir. Il fallait bien qu’une affaire de ce genre finisse par se produire un jour ou l’autre. Et que le palmarès des milliardaires, que Forbes cisèle chaque année avec un soin de diamantaire, soulève la contestation de l’un ou l’autre des nominés. Voilà qui est fait : le différend porte sur la valorisation de Kingdom Holding, la société d’investissement de Walid qui possède, entre autres, l’hôtel Georges V. Forbes en donne 20 milliards de dollars, ce qui n’est pas tout-à-fait une broutille. Mais le Prince s’estime traité comme un va-nu-pieds, car selon ses calculs (et ceux de Bloomberg, du reste), sa fortune s’établirait à 28 milliards. Ce qui le ramènerait de la 26ème à la 12ème place du tableau, à égalité avec le Suédois Stephan Persson (H&M). On comprend qu’il en ait ras le keffieh.

Comment est-il possible de relever un tel écart dans la fortune d’un individu, sachant que ses actifs sont, pour l’essentiel, cotés sur les marchés ? C’est là justement que se situe le nœud du différend. Les analystes de Forbes estiment que les cotations de la bourse saoudienne relèvent davantage des règles du bonneteau que de celles d’une place financière ; que les cours y sont grossièrement manipulés par les opérateurs importants ; que le marché est un coupe-gorge, éclairé par des vessies de chameaux en guise de lanternes. Le tableau est à peine exagéré, convenons-en. Mais les très policés auditeurs du magazine américain en papier glacé font preuve, dans cette affaire, d’une méprisante partialité. Car s’il est vrai que la Bourse de Riyad n’est pas un modèle de transparence, les manipulations y sont à peine plus rustiques que sur les grandes places internationales. Où le cours des grandes firmes ne reflète pas nécessairement la valeur sincère des sociétés concernées. Si cette réalité venait à s’ébruiter, il y aurait sans doute un peu moins de milliardaires que les 1.426 identifiés cette année par Forbes.

La recette du jour

Bourse et réputation

Vous rêvez depuis toujours de figurer dans le palmarès des milliardaires de Forbes. Si vous n’avez pas hérité de puits de pétrole, l’affaire n’est pas gagnée d’avance. Essayez d’inventer un truc révolutionnaire. En cas d’échec, faites coter votre réputation à Ryiad. Moyennant quelques menus bakchichs, vous gagnerez votre place dans le Who’s who.

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