La parabole du radis (...)

La parabole du radis chinois

26,5 milliards d’euros. Tel était, l’année dernière, le montant du déficit commercial de notre pays avec la Chine. S’il ne s’aggrave pas sur l’exercice en cours, ce sera moins grâce à la performance de nos exportations que par notre moindre consommation de produits chinois. La crise rend nous a rendus parcimonieux. La presse officielle pékinoise a soufflé le chaud et le froid dans ses commentaires sur la visite du Président français. Le froid pour rappeler que l’Europe décline sur le plan économique – particulièrement la France - et ne propose aucune vision « stratégique » dans sa politique internationale. En foi de quoi ses représentants se succèdent-ils en Chine pour tenter de « grappiller » quelques contrats, en se demandant s’ils vont ou non évoquer le Dalaï-lama. La presse souffle le chaud en évoquant la décision gaullienne de 1964 : la France reconnut alors la Chine maoïste, en dépit de l’opposition forcenée des Etats-Unis. Mais le Grand Charles ne mégotait pas sur les questions de souveraineté, surtout s’il s’agissait de renvoyer l’Oncle Sam dans ses 22. On ne peut en dire autant de tous ses successeurs, ce que les journaux autochtones déplorent ouvertement.

L’économie aura donc constitué l’essentiel des rencontres, ponctuées par la signature de contrats préalablement négociés. Avec le lot habituel de quelques Airbus (qui constituent déjà 49% de la flotte civile chinoise) et de prestations dans le nucléaire et l’environnement – nos pôles d’excellence. Mais aussi, sur la table, des ambitions dans l’agroalimentaire, domaine sur lequel les autorités chinoises continuent d’imposer une réglementation restrictive, au prétexte de sécurité alimentaire. Il apparaît ainsi que nos charcutiers pourront peut-être inonder l’Empire du Milieu de saucissons français, dès que Pékin aura dépêché ses contrôleurs sanitaires dans nos abattoirs de porcs. On ne savait pas les normes chinoises aussi pointilleuses. Mais la gastronomie demeure une préoccupation importante dans le pays. Pour preuve, le Quotidien du Peuple nous a révélé le menu servi au Président dans son hôtel de Shanghai : un sérieux accroc à son régime, si vous voulez notre avis. Mais le plus intéressant est de découvrir le plat qu’il a préféré : un potage aux boulettes de radis. Le plus humble de la carte, car il ne coûte, en yuans, pas un radis – ou presque. Mais surtout, l’aveu présidentiel honore son hôte d’une métaphore imagée, qui dévoile le fond de sa stratégie politique : la préférence pour le brouet de boulettes. Les Chinois ne se sont pas encore remis d’une aussi émouvante sincérité.

La recette du jour

Le protocole du dîner chinois

Pour réussir votre business avec la Chine, vous étudiez assidument le mandarin. C’est une bonne idée mais ce n’est pas suffisant. Apprenez aussi les codes de la vie sociale. Invité à dîner, privilégiez les mets raffinés et coûteux : vous honorerez votre hôte. Négligez les plats rustiques et le bol de riz : ils ne sont là que pour faire joli. Y toucher ne témoigne pas de votre humilité. C’est une insulte qui signifie que vous n’avez pas assez mangé : dans ce cas, votre business ne vous rapportera jamais un radis.

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