La nuit du 2 août

La nuit du 2 août

Quel temps fera-t-il à Washington ce week-end ? La question ne relève pas du tourisme mais de la politique : on songe au confort des membres du Congrès, qui livreront leurs batailles décisives sur la fixation du plafond de la dette US. Hélas pour eux, le ciel sera demain très orageux, ce qui ne favorisera pas l’apaisement des esprits, déjà passablement échauffés. Ce n’est pas la première fois que les élus s’écharpent sur le même sujet ; jusqu’à ce jour, ils sont toujours parvenus à un accord avant le gong, évitant ainsi au pays le KO technique. Car faute d’être autorisé à emprunter davantage, l’Oncle Sam se retrouverait en cessation de paiements, une situation grotesque pour la première économie du monde et apocalyptique pour la principale monnaie de réserve de la planète. Ce serait avouer que le Père Noël yankee a claqué tous ses sous à la roulette.

Dans les affaires comme en politique, les Américains se montrent ordinairement opiniâtres. Voire jusqu’au-boutistes. Mais au cas présent, les factions ont atteint un tel degré de hargne réciproque qu’elles semblent préférer le clash au compromis. Quoi qu’il en coûte. Quand bien même les élus parviendraient-ils, in extremis, à sceller un accord, ce dernier ne pourra être que de pure forme, les positions étant radicalement opposées. Et viscéralement irréconciliables. Il en résulte que les States ne pourront échapper à la dégradation de leur signature, une punition que les agences ont longtemps différée, par crainte de l’Armageddon invoqué par Obama : une énorme partie de l’endettement mondial est adossée à des bons du Trésor américain. Quand la valeur de l’hypothèque se déprécie, emprunteurs et créanciers mouillent leurs braies. Nous autres Français avons eu notre nuit du 4 août, celle qui mit fin au système féodal en vigueur avant 1789. La nuit du 2 août à venir pourrait ainsi marquer une étape décisive dans l’évolution de nos sociétés. En détruisant le système financier, l’instrument de pouvoir des seigneurs de la féodalité qui ont succédé aux aristocrates de l’Ancien régime. On vous avait dit que l’été serait chaud. Et ce n’est pas qu’à Washington qu’il faut redouter les orages.

La recette du jour

L’initiative du renoncement

Depuis plusieurs générations, votre entreprise prospère grâce à l’invention d’une efficace technique managériale : le financement du consensus par les prébendes, la corruption et la mauvaise foi institutionnelle. Mais vous n’avez plus les moyens d’entretenir l’illusion. Laissez pourrir la situation et oubliez vos dettes. Vous saurez tirer parti de la chienlit à venir. Car vous avez le sens de l’initiative.

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