La France et l'export

La France et l’export

A la fin de l’hiver, la balance accuse le coup. On veut parler de la balance commerciale, celle que surveille la médecine douanière. Six milliards de déficit en février, c’est un peu plus que la mauvaise performance de janvier. Pas étonnant : le monde entier semble bouder nos voitures, les States font barrage au foie gras et personne ne veut plus de nos lasagnes. Pas même les clébards français, qui regardent trop la télé. Heureusement, quelques secteurs continuent de tirer leur épingle du jeu : en particulier, les exportations de céréales sont en progrès. Notamment celles du blé, à destination des Caïman et de Singapour. Et l’industrie pharmaceutique a cartonné : Merial (filiale de Sanofi) a livré des containers de son ivermectine au Niger. Il faut supposer que nos troupes au Mali ont embarqué des visiteurs médicaux de la firme, qui ont convaincu Niamey de lutter massivement contre l’onchocercose – cette affection due à un horrible petit ver blanc, qui provoque la cécité depuis des temps immémoriaux. Selon quoi la guerre est un facteur significatif d’amélioration de la santé publique, ce que l’on n’aurait jamais soupçonné.

Faute de pouvoir vendre des Airbus comme des petits pains, ou de guerroyer dans la moitié du monde, que reste-t-il à notre pays pour rétablir sa balance ? C’est embarrassant de ne pas avoir de pétrole, ni beaucoup d’idées. Mais la France pourrait enfin se décider à exploiter quelques uns de ses avantages comparatifs les plus remarquables. Comme la production de lois, que le Parlement débite à un rythme industriel, au point que nombre d’entre elles ne reçoivent jamais leurs décrets d’application, et la plupart des autres sont oubliées dès qu’elles ont été votées. On pourrait par exemple exporter tous les textes qui visent à moraliser la vie publique, et qui moisissent dans les rayonnages du Journal Officiel. C’est dommage : une quantité de pays auraient tant besoin d’expérimenter le génie vertueux de nos législateurs. On pourrait ainsi, à moindres frais, importer en retour des cargaisons de moralité, laquelle est apparemment aussi rare chez nous que les gisements de pétrole. Et on ferait l’économie d’une nouvelle loi sur le sujet, dont le simple projet provoque déjà une pandémie de chamailleries dans la basse-cour politique. Contre laquelle l’industrie pharmaceutique est impuissante, hélas pour notre PIB.

La recette du jour

Balance à l’équilibre

Vous constatez à regret que vos dépenses excèdent ce que vous gagnez. Il vous faut rétablir votre balance de trésorerie, avant que Moody’s ne matraque votre triple A. Vendez tout ce vous n’utilisez jamais, sauf votre moralité : elle vous sera utile pour devenir ministre. Pour rétablir vos finances, rapatriez vos fonds offshore avant de devoir démissionner de votre citoyenneté.

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