La baleine et le paraplui

La baleine et le parapluie

Vous ne pouvez pas vous rendre compte du désarroi des scientifiques. Tous, ou presque, sont confrontés aux effets d’une pandémie qui afflige les programmes de recherche : les restrictions budgétaires. Si bien que de nombreux chercheurs commencent à s’inquiéter pour la suite de leur carrière, surtout s’ils s’intéressent à des sujets qui ne sont pas prioritaires aux yeux des politiques – à tort ou à raison. Prenez par exemple le domaine de la faune sauvage. Et en son sein les spécialistes des grands mammifères : pour mériter les financements dont ils ont besoin, il leur faut démontrer que leurs travaux sont indispensables à la prévention des grandes trouilles de l’humanité. En premier lieu, la santé publique. Si l’on en croit la revue Science citée par Le Figaro, la disparition des lions et léopards dans certaines zones africaines aurait eu de graves conséquences sur les populations locales. A cause de la prolifération des babouins olive (Papio Anubis) dont les prédateurs faisaient auparavant leur ordinaire. Figurez-vous que ces babouins se sont rapprochés en masse des autochtones et leur auraient transmis tout un tas de parasites intestinaux. Cochonnerie de babouins.

La deuxième grande terreur des temps présents, c’est le réchauffement climatique. Et tout particulièrement l’émission de CO2 qui en serait responsable. Sachez-le : la chasse à la baleine constitue un facteur important de dérèglement du climat. Car ce monstre marin est un très gros consommateur de plancton, ce qui lui permet de piéger le dioxyde de carbone dans ses déjections. Merci, Moby Dick. Ainsi, selon les calculs des auteurs de l’article précité, la raréfaction des crottes de baleines aurait eu pour effet de produire, depuis le début du XXème siècle, plus de 100 millions de tonnes de CO2. Incroyable, n’est-ce pas ? Pas étonnant que l’on ait un été pourri. Ainsi donc, la chasse intensive de la baleine aurait « produit » pas loin d’un million de tonnes par an de ce maudit gaz à effet de serre. On se doit toutefois de ramener nos estimables scientifiques au sens des proportions : l’aviation commerciale émet autant de gaz carbonique en moins… d’une demi-journée de trafic normal. Cela ne justifie pas le génocide des mammifères marins, convenons-en ; mais cela n’autorise pas davantage les conclusions scientifiques à la graisse de baleine.

La recette du jour

Science au quotidien

Vous êtes reconnaissant à l’égard des scientifiques pour leur contribution aux mieux-être quotidien. Suivez donc leurs recommandations : élevez un léopard dans votre jardin pour prévenir l’invasion des babouins. Vous échapperez ainsi à la tourista. Et lors de vos baignades estivales, buvez chaque jour la tasse. Vous piégerez votre ration de CO2 dans les cabinets.

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