L'OMS cachetonne

L’OMS cachetonne

Oyez, oyez, c’est l’OMS qui l’affirme : un peu plus d’un Français sur cinq a été, est, ou sera dépressif. Notre pays serait ainsi le champion du monde des idées noires. Enfin, champion de l’échantillon des nations qui ont été psychanalysées : 18 au total, ce qui ne fait pas bésef. Et parmi elles ne figure pas la Finlande, dont les tendances dépressives et suicidaires sont pourtant légendaires. Mais enfin, nous parvenons à battre d’une courte tête… les Etats-Unis, que l’on croyait abonnés à l’optimisme militant. C’est que, nous disent les honorables médecins, la propension au spleen est directement proportionnelle à l’opulence : dans les pays pauvres, les dépressifs sont rares. Mais peut-être que personne ne les remarque. De toute façon, on connaissait l’histoire : sans sonder l’âme de milliers de pékins, le grand médecin La Fontaine nous avait déjà tuyautés sur la sérénité du savetier et les insomnies du financier. Pour le coup, il se pourrait bien que l’OMS nous ait arnaqués de cent écus.

L’étude en question a été réalisée entre 2000 et 2005 – on ne comprend pas pourquoi des conclusions aussi rachitiques ont fait l’objet d’une publication aussi tardive : ce doit être stressant de sonder les angoissés, sans doute. Avons-nous changé depuis lors ? Ben non, vous le savez aussi : pour rien au monde les Français ne renonceraient à leurs particularités. La Tribune nous rappelle que nous tenons la pole position de la sinistrose depuis plusieurs années. Pour preuve, un sondage BVA Gallup du mois de janvier faisait apparaître une écrasante majorité de pessimistes, quant aux perspectives économiques de l’exercice. Loin devant les Anglais, les Espagnols et les Italiens, qui pourtant ont déjà dégusté bien plus que nous. Et le service n’est pas terminé, merci pour eux. Tout cela vient contrarier le diagnostic des médicastres de l’OMS et laisse accroire que nous ne sommes pas un peuple anxieux par atavisme, ni grincheux par posture. Mais plutôt un peuple lucide par hérédité, voire extralucide par supériorité : le gène des Lumières, probablement. En foi de quoi les Français peuvent-ils se permettre de prophétiser un avenir sombre aux personnels de l’OMS, ces rebouteux de la statistique. Quelqu’un finira bien par découvrir qu’ils rédigent leurs rapports en pillant nos grands fabulistes et en démarquant Le Journal de Tintin. Lorsque ce sera avéré, on veut bien parier que le moral des Français s’en trouvera amélioré.

La recette du jour

Le Français en vacances

Vous partez en vacances à l’étranger. Pour y être identifié comme Français, n’oubliez pas de vous coiffer d’un béret, de coincer une baguette de pain sous le bras et un kil de rouge dans le cabas. Si cela ne suffit pas et que l’incognito vous déprime, toquez à l’huis de l’OMS : on vous prescrira un anxiolytique. Ou le dernier rapport de l’Organisation : les deux sont une même punition.

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