Huile d'olive cherche

Huile d’olive cherche virginité

La Commission européenne sait se rendre populaire par sa réglementation. Notamment sur le terrain de l’alimentation, où l’on relève pourtant quantité de fraudes dès que les contrôles sérieux se renforcent. Ainsi donc les restaurateurs tordent le nez face à une nouvelle disposition qui sera applicable dès le début de l’année prochaine : à compter de cette date, il se sera plus possible de présenter l’huilier traditionnel sur les tables. L’huile d’olive que le client réclame pour agrémenter sa salade, ses légumes-vapeur, son filet de poisson ou sa pizza, devra provenir d’un flacon scellé et non rechargeable. Ceci en vue d’améliorer les conditions d’hygiène et garantir l’authenticité de l’huile servie. Mais surtout, protéger les olivaies européennes, qui assurent la très grande majorité de la production mondiale, et qui pourtant sont à la peine avec une douloureuse chute des prix. Bien que l’huile d’olive connaisse un engouement planétaire, tant pour ses qualités gustatives que les effets bienfaisants du « régime crétois ». Ainsi donc, s’offrir une mignonette d’huile au restau va devenir aussi coûteux qu’un verre de grand bordeaux. Car les produits embouteillés seront probablement issus d’appellations renommées, dûment certifiées, qui affichent un prix élevé. Et justifié.

Pour ésotérique qu’elle paraisse, la mesure n’est pas pour autant dénuée de fondement. Car le marché de l’huile d’olive fait l’objet d’un trafic extrêmement lucratif – aussi juteux que celui de la cocaïne mais bien moins risqué sur le plan pénal. L’épicentre se situe en Italie, principal producteur, dont les huiles sont réputées dans le monde entier. Sauf que le pays vend deux fois plus d’huiles italiennes qu’il n’en produit. Le coupage avec des huiles espagnoles ou grecques, considérablement moins chères (le rapport est de 1 à 20), est un sport national. Voire avec de l’huile raffinée de noisettes turques. Bref, la probabilité est de 80% qu’un flacon d’huile « italienne » contienne autre chose que des olives locales. Pas étonnant que nos producteurs provençaux pestent contre ces contrefacteurs institutionnels, qui les concurrencent avec des tarifs imbattables – et pour cause. Alors que les AOC françaises offrent une diversité unique dans le raffinement gastronomique. Mais évidemment, elles coûtent plus cher qu’une bouteille de mauvais chianti.

La recette du jour

Graissage des profits

Vous recherchez un métier d’avenir. Inventez un contenant élégant et non rechargeable, susceptible d’enchâsser deux cuillérées à soupe d’huile d’olive. Vous ferez la joie des restaurateurs soumis à une réglementation contraignante. Et vous ferez découvrir au consommateur la merveilleuse palette des AOC françaises. Sur vos gras profits, merci de réserver quelques royalties au billettiste.

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