Eloge de la cassette

Eloge de la cassette

Nous autres Français avons hérité du patrimoine génétique de notre ancêtre Harpagon : nous affectionnons la cassette. Celle qui contient des espèces sonnantes et trébuchantes. Le pays compte une proportion significative de numismates qui avouent être atteints du syndrome de collectionnite, et bien d’autres qui se soucient moins de l’Histoire que de la thésaurisation de monnaies en métal précieux. Sur le long terme, cette manie innocente se révèle lucrative : si nos ancêtres avaient scrupuleusement transmis à la génération suivante leurs économies sous forme de louis d’or et de napoléons, nous serions tous, ou presque, assis sur un joli magot. Car s’il est une constante jamais démentie, c’est que les monnaies de papier finissent toujours par subir le sort funeste des assignats, à une cadence plus ou moins rapide : contrairement aux piles Wonder, l’argent d’imprimerie s’use si l’on ne s’en sert pas.

Pour entretenir notre obsession du trésor métallique, nous disposons heureusement d’un Etablissement public qui a conservé et développé le remarquable savoir-faire français pour la frappe de pièces et de médailles. La Monnaie de Paris nous offre ainsi, régulièrement, des émissions en métal noble supposément destinées aux numismates, mais largement avalées par les bas de laine. Viennent ainsi d’être frappées des 5€ et 25€ en alliage d’argent (respectivement 333 et 500 pour mille), plutôt réussies sur le plan esthétique bien qu’affublées de légendes cucul la praline. D’accord pour Liberté, Egalité, Fraternité des 5€ ; mais Justice, Laïcité et Respect pour la 25 €, c’est un peu pompier comme parole d’argent. Quant à la 250€ en or pur, en souscription à compter du 17 juin prochain, elle porte à l’avers une Paix de taille respectable, message d’une sagesse immémoriale : pour prévenir la guerre, mieux vaut avoir les poches bien remplies. Ces émissions font évidemment apparaître une prime importante par rapport à leur valeur métallique actuelle : il y a respectivement 1,7€, 6€ et 132€ de métal pour les pièces de 5, 25 et 250. Ce qui devrait doper les (bons) résultats d’exploitation de la Monnaie de Paris. Mais ces pièces ayant valeur légale, aucune ne vaudra jamais moins que le chiffre inscrit à son revers. Si bien que leur détention offre une assurance gratuite contre d’éventuels cataclysmes monétaires, et une option sur l’envolée des métaux précieux qui en résulterait. Sans risque de perte dans le cas contraire. De quoi susciter des vocations de collectionneur.

La recette du jour

Fonds d’intervention

Vous aimez disposer de quelques liasses de biffetons sous vos piles de draps, « au cas où ». Votre prudence vous honore, mais il est question de supprimer le violet de 500 euros qui rend son détenteur suspect de trafic sordide. Optez plutôt pour les pièces précieuses de la Monnaie de Paris : c’est une valeur sûre. Et elles sont si belles que vous n’oserez jamais les dépenser.

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