Des cacahouètes pour (...)

Des cacahouètes pour le trader

Sale temps pour les gestionnaires de titres. Leur corporation ne cesse de se réduire. Sous l’effet de la crise, d’abord : les grandes banques ont dû sabrer à la tronçonneuse dans leurs effectifs. Ensuite, les logiciels de spéculation ne cessent d’empiéter sur leur territoire : le trading à haute fréquence est devenu le must des salles de marchés. Les machines sont ultra-rapides, infatigables, n’exigent ni pauses-pipi ni bonus pharaoniques. Et elles ne se débrouillent pas trop mal pour dégager des profits, merci pour elles. C’est tout bénef pour l’employeur. Voilà maintenant que les gestionnaires se trouvent confrontés à une concurrence redoutable et déloyale. Le phénomène a été observé depuis longtemps mais il vient à nouveau d’être confirmé : dans la sélection de titres, le singe supplante régulièrement les stratégies humaines d’investissement. Sur une quarantaine d’années, les primates parviennent à faire systématiquement mieux que les indices boursiers, ce qui n’est pas une mince performance. Les grandes banques songent ainsi à dépeupler les zoos de tous les singes savants. Et à mettre en cage leurs économistes, leurs analystes et leurs traders. Bientôt, la gestion boursière ne coûtera plus qu’une poignée de cacahouètes. Cool.

Il aura donc fallu attendre une éternité pour admettre que les chimpanzés ont la bosse de l’investissement. Ou le gène de la gestion, si vous préférez. La connaissance en la matière a pourtant fait des progrès spectaculaires. Certes, la science ne permet pas encore le profilage complet du nourrisson sur la base de son analyse génétique. Mais on y vient. Pour preuve, des chercheurs américains sont convaincus d’avoir identifié le gène de la paresse : les feignasses seraient donc affligées d’une maladie héréditaire, ce qui est une très mauvaise nouvelle pour le déficit de la Sécu. Mais un atout indiscutable dans le recrutement futur des ministres du Budget : le décryptage du génome des candidats permettra de recaler ceux qui sont porteurs du gène de la menterie. En attendant, il nous faut accepter les ministres comme ils sont : imparfaits, et à peine plus riches que la moyenne de leurs contemporains. Sous réserve qu’ils ne mentent pas sur leur fortune, bien entendu.

La recette du jour

Pragmatisme dynastique

Vous hésitez à assurer votre descendance. Car la science ne permet pas encore de savoir si le bébé sera équipé du génome approprié à sa réussite. Soit vous attendez que l’on sache greffer les gènes de la férocité, de l’avidité et de la truanderie, qui sont le gage du succès. Soit vous adoptez immédiatement un chimpanzé : il gèrera efficacement votre portefeuille boursier.

deconnecte