Bientôt l'hallali ?

Bientôt l’hallali ?

C’était bien la peine qu’ils se décarcassent, les élus du Congrès américain, pour s’accorder sur la dette juste avant que leur carrosse ne se transforme en citrouille. Qu’ils se décarcassent mutuellement, s’entend : aux States, le combat politique est devenu très rude, plus physique. Les Yankees ne sont déjà pas très policés dans leurs relations conflictuelles, mais la pression monte à un tel rythme que Washington va finir par prendre un faux air de Beyrouth. En tout cas, pour calmer le jeu, le Président Obama a de nouveau usé de son talent présumé pour le compromis. C’est-à-dire qu’il a déposé les armes aux pieds de ses adversaires le plus coriaces. Ce n’est pas un bagarreur, Obama, c’est un Nobel de la Paix, voyez-vous. D’accord pour castagner les métèques de contrées exotiques, truffées de ressources naturelles ; d’accord pour maintenir des prisons off shore, exonérées des règles élémentaires de la justice humaine ; d’accord pour assassiner nuitamment tout rebelle à la morale américaniste ; mais de grâce, pas de vacarme aux abords de la Maison-Blanche. Plutôt la reddition qu’une tâche sur le plastron.

L’ennui, évidemment, c’est que l’accord en question ressemble autant à une solution pertinente qu’une vessie à une lanterne. Et même si les agences de notation ont fait mine de se montrer bienveillantes, au motif que le Trésor US avait évité l’ignominie de l’incident de paiement, les places financières commencent enfin à prendre la juste mesure du gouffre qui s’ouvre sous leurs pieds. Malgré les tentatives désespérément grotesques de certaines médias spécialisés, comme celui-ci qui prétend qu’un abaissement de la note américaine pourrait passer inaperçu dans les salles de marchés. Un ange passe. Après quelques séances boursières plutôt constipées, la journée d’hier a partout été colorée en rouge foncé. Même à Wall Street, qui tentait de faire accroire que les embarras présents ne la concernaient pas. Au moment où ces lignes sont écrites, la séance de Tokyo n’est pas achevée. Mais le Nikkei fait triste mine. Voilà qui témoigne d’une prise de conscience tardive de réalités dérangeantes : que les Agences osent ou non dégrader la note de l’Amérique, l’Oncle Sam est bel et bien décavé. Et son dollar vaut à peine plus que celui du Zimbabwe.

[Une synthèse de la situation sera publiée cet après-midi dans la rubrique « Economie »]

La recette du jour

Rage du désespoir

Voilà des lustres que vous vivez sur le dos de vos créanciers. Pour la plus grande satisfaction mutuelle. Continuez de mener grand train, de plastronner et de rouler les mécaniques. Car si vous veniez à reconnaître que vous êtes lessivé, la meute de vos prêteurs vous attaquerait aux mollets : il n’est pire danger pour un flambeur que des créanciers désespérés.

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