Alerte au ciron

Alerte au ciron

Voilà des alertes inquiétantes à la veille de l’ouverture du maquignonnage entre les USA et l’UE, en vue de formaliser le cadre d’un grand Traité transatlantique. Lequel aurait en particulier pour effet d’harmoniser réglementations et normes, pour le commerce entre deux entités qui représente 40% du business mondial. Les tractations devraient débuter lundi prochain, sous réserve que la France renonce à la période de deuil qu’elle réclame, pour digérer la douleur d’être espionnée jusque dans les cabinets (ministériels). Et sans doute pour expurger la honte d’avoir d’interdit de survol le Président bolivien, au mépris du droit international et de la dignité souveraine. Et sous l’injonction paranoïaque des Yankees, qui soupçonnaient le transbordement discret du cafteur Snowden, devenu l’ennemi public numéro un de toutes les capitales pétochardes. Avec de tels événements en préambule, on se demande s’il est vraiment nécessaire de perdre son temps à négocier le Traité : autant se coucher tout de suite devant les exigences de l’Oncle Sam. Et croiser les doigts pour qu’il ne réclame pas un droit de cuissage sur nos affriolants Services secrets.

Pour préparer le terrain psychologique aux négociations, les States ont déterré la hache de guerre sanitaire contre l’un des produits-phare de la culture européenne : le fromage. Et tout particulièrement la mimolette, celle qui est longuement vieillie dans un processus dont les affineurs du Nord maîtrisent l’art délicat. L’administration sanitaire américaine (FDA) a décidé de prohiber l’importation de la mimolette vieille, avec des arguments très scientifiques : sa pâte serait en effet «  composée d’une substance dégoûtante, putride ou décomposée, et en tout cas inadaptée à la nourriture  ». La boule de mimolette est ainsi convaincue du délit de faciès. Sont mis en cause les tyroglyphes de la farine, autrement appelés cirons, de minuscules acariens qui creusent des galeries d’aération dans la croûte du fromage, conférant à la mimolette sa toilette de dentelle et sa saveur exquise. Convenons-en avec les gastronomes du FDA : pour qui se met à table avec un microscope sur le nez, les cirons ne sont guère appétissants. Ils ressemblent à d’horribles mites naines. Les fromagers français envisagent donc de meuler les boules de mimolette et de les enrober de cire cosmétique – sur le modèle du Hollande à pâte molle. Nous autres Français voulons bien faire un effort, mais que les Américains ne s’y trompent pas : ils ne nous feront jamais avaler leur veau aux hormones ni leur poulet javellisé. Même lustrés à la cire de perlimpinpin.

La recette du jour

La cire à espion

Vous êtes ministre russe des Affaires étrangères et bien embarrassé pour exporter un Snowden perclus de mites cafteuses. Passez-le soigneusement à la meule de l’Inquisition en enrobez-le de cire de Hollande. Vous pourrez le réexpédier aux Etats-Unis, au nez et à la barbe des gabelous yankees.

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