A la recherche d'un (...)

A la recherche d’un bouc émissaire

Que le responsable lève le doigt ! Tel est le sens général de ce que vous propose, ce matin, votre presse quotidienne : à qui la faute si les Bourses dévissent ? Aux Chinois ! répond un professionnel de la finance dans Le Monde : ils maintiennent leur monnaie au prix de la roupie d’hirondelle, paient leurs salariés à la fronde et accumulent ainsi plein de dollars, qui manquent à ceux qui en ont besoin (tous les autres). Feraient mieux de s’acheter l’Amérique, avant que le dollar ne vaille beaucoup moins que leur misérable yuan décoté. Une perspective que conteste Barak Obama, monté au créneau pour tenter de calmer les marchés : « Les Etats-Unis mériteront toujours le Triple A » a-t-il déclaré avec une humilité toute yankee, et son pays « n’a pas besoin qu’une agence de notation » lui dise qu’une « approche équilibrée » est nécessaire à la réduction des déficits. Convaincus de la vacuité insondable du Président, les Boursiers ont alors vendu de plus belle. Mais attention, la baisse continue des marchés n’est pas un krach, pas du tout : avec Le Figaro, la plupart des commentateurs nous expliquent ce qu’est un vrai krach. En résumé : perdre 20% en une séance, c’est un krach ; en une semaine, c’est une correction. Nous voilà rassurés, comme les marchés asiatiques ce matin, qui continuent de « corriger » leur fausse impression de krach.

Mais quelquefois, l’ennemi est à l’intérieur. Tel est le cas de l’Italie, qui est maintenant dirigée directement par la BCE, grâce à la délégation de pouvoir que lui a consentie le tandem franco-allemand. Une publicité institutionnelle pointe du doigt les « parasites humains », ainsi nommés ceux qui se soustraient aux ponctions fiscales. Et encourage le bon citoyen à les dénoncer. Une économie souterraine en Italie ? Ça, alors, on n’aurait jamais soupçonné pareille vilénie, que l’on croyait réservée aux carambouilleurs grecs. Ainsi donc la question fiscale va-t-elle devenir prioritaire à Rome – et ailleurs. Chez nous, par exemple. La France peut-elle conserver son AAA ? se demandent gravement tous les observateurs sérieux de l’économie nationale. Oui, répond l’opposition parlementaire, si le prochain budget est « crédible ». Ce n’est plus l’électeur que les factions cherchent désormais à séduire, mais les agences de notation. A cultiver ainsi l’aveuglement face aux réalités du monde, les futurs candidats vont finir par mériter la décote définitive de leur signature.

La recette du jour

La thérapie de l’euphémisme

Les désordres des temps ont contribué à laminer vos économies. Ne vous lamentez pas sur l’érosion de votre portefeuille : ce n’est pas un krach. Enfin, pas encore ; ce n’est qu’une correction. Vous le savez : on n’a perdu que lorsqu’on a vendu, et pierre qui roule n’amasse pas mousse. Si vos sous disparaissent, ne dites pas que vous êtes ruiné, mais que vous avez un besoin temporaire de liquidités. Et courtisez les agences de notation.

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