7 milliards

7 milliards

Vous n’avez rien remarqué ? Pourtant, l’INED est formel : nous atteindrons cette année le seuil des 7 milliards d’habitants. Mais ce n’est pas ce qui explique la bousculade dans le métro, ni les embouteillages sur les périphs’ : nous autres Européens sommes parcimonieux dans notre descendance. D’ici la fin du siècle, nous aurons tout juste gagné 10 millions de natifs supplémentaires, sur une population actuelle de 502 millions. Voilà qui devrait inciter notre gouvernement à sucrer l’intégralité des avantages fiscaux concédés à l’investissement immobilier locatif. A moins, évidemment, que nous n’ayons d’ici là accumulé des soldes migratoires positifs. Ce qui est d’autant plus probable que la palme de l’accroissement démographique sera, pour longtemps encore, détenue par l’Afrique. Et ce en dépit d’une mortalité infantile élevée, d’une espérance de vie très faible et d’un niveau de vie dérisoire. Ceci expliquant peut-être cela : la précarité permanente encourage une très forte natalité, au nom de la survie de l’espèce.

On trouvera d’autres explications possibles à l’évolution démographique dans la passionnante Revue des sciences qui ponctue mensuellement les réflexions philosophiques et politiques de Jean Zin. Sans doute est-il imprudent de transposer à l’humain l’observation du comportement animal, mais on ne résiste pas à la tentation. On découvre en particulier que « les oiseaux chauds lapins vieillissent plus vite », ce qui devrait donner à réfléchir à quelques célébrités qui se comportent volontiers comme des coucous lubriques. Toutefois, « les oiseaux femelles préfèreraient les mâles aventureux », ce qui peut-être justifierait la moindre natalité prévisible dans la Vieille Europe : nous sommes devenus trop pantouflards. En revanche, voici une observation qui concerne à la fois les animaux et les humains : au-delà d’un certain âge, la mortalité chute brutalement. Chez nous, « le vieillissement s’arrête à 90 ans ». Quiconque escompte l’héritage d’un vieil oncle d’Amérique doit donc surveiller ce seuil, à partir duquel les espérances seront anéanties… Plusieurs explications sont avancées pour expliquer le phénomène de sous-mortalité des nonagénaires, dont une liée au régime alimentaire : « Plus on vieillit, moins on serait adapté aux modifications de nourriture depuis l’âge de pierre, et notamment au régime végétarien des agriculteurs... ». On sait donc désormais ce qu’il nous reste à faire pour braver l’outrage du temps : d’abord, résister jusqu’à 90 ans – ce qui est sans doute la partie la plus délicate du programme. Ensuite, se nourrir des baies cueillies dans les haies et des racines dans les prés. Plus de foie gras ni de chocolat : il faut souffrir pour vivre vieux.

La recette du jour

Longévité à la carte

Vous avez décidé de connaître le 22ème siècle, celui qui comptera 10 milliards d’humains. Il vous vous préparer dès aujourd’hui. Menez une vie plan-plan qui décourage l’accouplement et assaisonnez de bromure tous vos aliments pour résister à la tentation. Installez-vous dans une grotte et nourrissez-vous des produits de la cueillette. Vous vivrez vieux et malheureux.

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