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Dette : Moody’s émet un avertissement serieux à la France

L’agence de notation Moody’s a récemment maintenu la note « Aa2 » de la dette française, mais a abaissé sa perspective à « négative ».
Cette révision indique que l’agence pourrait envisager une dégradation de la note dans les mois à venir. Moody’s exprime des doutes quant à la capacité de la France à réduire son déficit à 5 % du PIB l’an prochain et met en garde contre toute tentative de revenir sur la réforme des retraites.

Cette annonce arrive au terme d’une semaine complexe sur le plan budgétaire pour le gouvernement, marqué par des difficultés politiques à l’Assemblée nationale autour du projet de loi de finances 2025.
Moody’s s’inquiète de la situation politique en France, qu’elle juge fragile, et estime que celle-ci pourrait entraver l’atteinte des objectifs de maîtrise des finances publiques. L’agence ne croit pas que le déficit puisse être abaissé à 5 % en 2025, en raison des ajustements significatifs nécessaires pour atteindre cet objectif.

Un rappel sur les réformes précédentes

L’agence souligne l’importance de maintenir les réformes engagées depuis 2017, notamment en ce qui concerne le marché du travail et les retraites. Elle avertit que revenir sur ces réformes pourrait augmenter le risque d’une dégradation de la note de la France, ce qui pourrait peser lourd sur sa crédibilité économique.

Réaction de l’exécutif français

Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a répondu en affirmant la capacité de la France à engager des réformes majeures, citant des réussites dans les domaines de l’emploi et de l’attractivité économique.
Il a assuré que le gouvernement poursuivra ses efforts pour redresser les finances publiques.

La décision de Moody’s n’est pas une totale surprise, car ses homologues Fitch et S&P attribuent à la France une note AA- avec une perspective négative, signalant une potentielle dégradation si la situation budgétaire ne s’améliore pas.
En prenant cette décision, Moody’s semble s’aligner davantage sur les évaluations de ces agences concurrentes.

Comparaison avec les autres pays européens

Les marchés financiers réagissent depuis plusieurs mois à l’évolution de la situation économique française, notamment avec une augmentation de l’écart de taux avec l’Allemagne.
Les récentes nouvelles budgétaires, marquées par un déficit public pour 2024 plus important que prévu, ont aussi impacté les rendements des obligations françaises, désormais plus élevés que ceux de l’Espagne et du Portugal, et proches de ceux de l’Italie.

Pressions accrues pour le gouvernement

Le gouvernement de Michel Barnier, dans son projet de loi de finances pour 2025, vise à réduire le déficit à 5 %, à partir d’un niveau attendu de 6,1 % en 2024. Cet objectif représente un défi budgétaire d’environ 60 milliards d’euros.
Cependant, des organisations internationales comme le FMI restent prudentes et estiment qu’il existe un risque de dérapage si toutes les mesures proposées ne sont pas votées.

Débats intenses au Parlement

Les discussions au sein de l’Assemblée nationale ont révélé la complexité de la situation politique, avec plusieurs amendements votés contre l’avis du gouvernement, visant à renforcer l’impôt sur les hauts patrimoines ou à limiter certaines mesures fiscales.
Malgré les difficultés, le gouvernement pourrait utiliser le 49.3 pour finaliser le texte du budget. La position des agences de notation, comme Moody’s, pourrait alors jouer un rôle dans le contexte des débats parlementaires.

Moody’s a pris position ; reste à savoir si d’autres agences, telles que S&P le mois prochain, suivront cette voie en réévaluant à leur tour la note de la dette française, un événement qui coïncidera de près avec la dernière ligne droite pour l’adoption du budget 2025.

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